Amritsar, d’or et de couleur
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Quand on visite Amritsar, c’est pour s’immerger dans la culture Sikh en découvrant le temple d’or, le lieu de culte le plus saint pour cette communauté.
Le Sikhisme est une religion relativement récente (15e siècle) et assez méconnue en Europe. Pourtant, sans en avoir conscience, l’image que nous avons des Indiens est souvent associée à celle des Sikhs car ce sont eux qui portent majoritairement de magnifiques turbans sur la tête. Ils sont aussi nombreux à s’exporter et on en croise donc beaucoup à New-York et Londres par exemple.
En simplifiant (beaucoup), le Sikhisme est une sorte de mélange d’Hindouisme et d’Islam. Ils ont quelques pratiques rigolotes comme celles de ne jamais se couper ni les cheveux (qu’ils couvrent donc d’un turban) ni la barbe, ou celle d’avoir toujours un poignard sur eux par exemple. Ce qui leur donne droit à quelques dérogations étonnantes en Inde : les Sikhs n’ont pas à porter de casque en moto et peuvent même prendre l’avion avec un un petit « kirpan » (sorte de petit poignard) sur les vols internes !
C’est aussi une religion qui prône une grande égalité, ce qui est un concept très inhabituel en terre hindoue, rongée par le système des castes. Par exemple, dans les Gurudwaras, les temples dédiés au Sikhisme, des personnes de toutes catégories sociales viennent régulièrement donner de leur temps pour participer à la vie du temple. Dans chaque temple, un repas gratuit est servi à tout le monde chaque jour et tout (ou presque) est fait par des bénévoles. Au Temple d’Or, jusqu’à 100 000 repas sont servis chaque jour ! C’est même une expérience à ne pas manquer tant l’organisation de ce petit miracle quotidien est fascinante.
Bref, avant même de visiter le Temple d’Or, les principes de tolérance de cette religion et l’état d’esprit ouvert, accueillant et entreprenant des Sikhs nous avait séduits. Le visiter a encore accentué ce sentiment positif.
Le Temple d’Or est un monument à part en Inde, tant pour l’architecture du lieu que pour l’ambiance qui y règne.
Nous l’avons visité pendant Diwali (un festival Hindou mais tout de même célébré par les Sikhs) donc la foule paraissait particulièrement dense à ce moment là et pourtant, le lieu dégageait une ambiance solennelle et fraternelle, avec beaucoup beaucoup de choses à observer : le contraste entre les couleurs portées par les gens et le blanc – or du temple, les gardiens des lieux avec leurs lances et « uniformes » d’un autre âge, les familles Sikhs venues du monde entier pour poser devant ce lieu, les touristes Indiens en mode selfies, les pèlerins se baignant dans le réservoir d’eau, les cuisines surréalistes de la cantine du temple, etc, etc…
C’est aussi la seule partie de l’Inde où les hommes sont aussi magnifiquement habillés que les femmes et leurs saris grâce à leurs turban, souvent assorti à leur pantalon d’ailleurs !
Nicolas a d’ailleurs voulu jouer le jeu en se faisant faire un turban dans une des boutiques adjacentes au temple, ce qui a encore décuplé notre capital sympathie aux yeux des locaux (enfin, notre bébé restait l’attraction numéro 1 de loin).
On a aussi profité d’être dans le coin pour aller assister à la fermeture de la frontière à Wagah entre l’Inde et le Pakistan. Lors de la partition, ce village s’est retrouvé coupé en 2 par la frontière et depuis 1959, chaque soir, sauf quand la tension monte entre les 2 pays, un show comico-tragique est organisé pour la fermeture de la frontière. Bon, on ne sait pas encore trop quoi penser de cette histoire sur le fond mais sur la forme c’est quand même très drôle. Bollywood à fond (et danses qui vont avec), vente de goodies en tous genres, et portail ridiculement bancale du côté Indien. Sérieux, organisation sans failles et ferveur contenue du côté Pakistanais.
On a fini la visite du Punjab en faisant une dernière halte à Patiala, avant de reprendre notre avion à Chandigarh. Bon, à l’heure actuelle, les sites historiques de la ville sont soit fermés aux (très rares) touristes, soit en ruine. Nous avons quand même été impressionné par le peu que l’on a pu voir et des travaux sont en cours pour restaurer les principaux bâtiments historiques, notamment, un immense fort au cœur de la ville. A visiter dans quelques mois (années).
Petit bonus WTF, le policier Sikh avec… un sac plastique fait avec un emballage Jambon de Paris Herta ! ça ne s’invente pas. Les mystères des rouages de la mondialisation.
Malheureusement dans le sikhisme, il y a une différence entre la théorie et la réalité : les sikhs ont un système de caste et ils y sont plutôt attachés (pour les Sikhs que je connais). Dans les villages, les lieux de crémation sont séparés. Il y a parfois des conflits pour l’accès aux gurdwaras.